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L'agroforesterie: une vision vers l'avenir

Dernière mise à jour : 14 mars 2023

1er novembre 2022

Par: Julie Venne, ing. f


Bande riveraine de saules. Source : RFB

L’agroforesterie est un type d’aménagement du territoire vieux comme le monde qui a pourtant un potentiel actuel énorme dans l’adaptation aux changements climatiques. Elle est d’ailleurs reconnue par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) comme l’une des méthodes majeures qui pourrait avoir les meilleurs impacts notamment au niveau de la captation de carbone et la diminution des émissions de gaz à effet de serre provenant des sols. (Cogliastro, A., A. Vézina et D. Rivest, 2022)


L’agroforesterie en détail


Ces types d’aménagement consistent en l’établissement de systèmes intégrés associant intentionnellement des arbres/arbustes à des cultures ou des élevages et dont les interactions apportent de nombreux avantages au niveau environnemental, social et/ou économique. (Cogliastro, A., A. Vézina et D. Rivest, 2022)


L’agroforesterie est un domaine complexe intégrant plusieurs disciplines. Il ne suffit pas seulement de planter des arbres dans un champ. Plusieurs facteurs (naturels et humains) sont à considérer pour implanter un système équilibré qui sera le plus viable et fonctionnel possible dans le temps.


Les systèmes implantés peuvent prendre les formes plus communes de haies (brise-vent, bandes riveraines, brise-odeur, etc.), mais peuvent également être sous forme intercalaire, d’îlots, intégrés aux élevages ou même sous forme de culture sous-couvert forestier.



Haie brise-vent de chênes. Source : RFB

Quels sont les bénéfices?


Voici diverses fonctions et divers services pouvant être remplis par les systèmes agroforestiers dépendamment du milieu d’implantation et de sa conception.

  • Biodiversité: Dans des milieux agricoles intensifs où la présence de l’arbre est plus une exception que la norme, la moindre implantation d’arbres favorisera la création d’habitats et par le fait même la biodiversité locale autant au niveau faunique que floristique.

  • Conservation/amélioration des sols: Les arbres sont des pompes à nutriments allant chercher les minéraux difficilement accessibles en profondeur pour les ramener à la surface sous forme de litière. Leurs racines améliorent également certaines propriétés des sols. (Cogliastro, A., A. Vézina et D. Rivest. 2022.).

  • Qualité de l’eau: La présence d’arbres en bandes riveraines limite la surchauffe des cours d’eau, l’érosion des berges ainsi que le lessivage des engrais, herbicides et pesticides vers ces derniers. Ils favorisent ainsi la qualité de l’habitat aquatique, riverain et des eaux souterraines.

  • Protection des cultures et élevages : Les systèmes agroforestiers favorisent une meilleure résilience des cultures et des élevages notamment en améliorant la diversité des pollinisateurs ainsi que des prédateurs permettant un meilleur contrôle des ravageurs et maladies. Ils peuvent également limiter les extrêmes climatiques au champ et dans les élevages en diminuant la vélocité des vents, en créant de l’ombrage, en limitant les stress hydriques et en distribuant mieux le couvert de neige, etc.

  • Paysages et Acceptabilité sociale: L’agroforesterie favorise l’attractivité des paysages de par son hétérogénéité et la diversité des formes sous lesquelles elle peut se présenter. Elle est également une pratique agroenvironnementale facilitant l’acceptation sociale de l’agriculture conventionnelle. La dérive des pesticides, les paysages ou les odeurs sont autant de problématiques sociales pouvant être atténuées par des implantations agroforestières.

  • Revenus diversifiés et diminution de coûts: La diversité des implantations n’a comme limite que notre créativité! L’établissement de végétaux fruitiers ou à noix en type verger intercalaire ou en alternance avec des arbres, l’implantation de feuillus nobles pour du bois de qualité ou de chauffage, des résineux pour du bois de construction ou des saules pour la production de bois raméal fragmenté sont d’autant d’avenues pour obtenir des revenus d’appoint ou diminuer les investissements. Sans parler d’une possible admissibilité de ces systèmes sur le marché du carbone. Et selon le système implanté, il y a plusieurs économies au niveau des bénéfices environnementaux liés, à titre d’exemple, à la diminution des pertes des cultures dues aux changements globaux, à la limitation des quantités d’engrais et de pesticides nécessaires, à la diminution des frais de déneigement, de chauffage des bâtiments, de location de ruches pour la pollinisation, etc.

  • Adaptation et lutte aux changements climatiques, une approche globale: Les bénéfices mentionnés précédemment se perçoivent surtout à l’échelle locale du producteur agricole et de son entourage. Toutefois, si les actions agroforestières se multipliaient un peu partout sur le territoire ou de manière groupée, cela pourrait avoir des impacts bénéfiques et très significatifs au niveau global. La séquestration massive du carbone dans les arbres et les sols, la gestion par bassin versant permettant d’améliorer la qualité des cours d’eau ou d’amoindrir les inondations, la connectivité entre les massifs boisés pour favoriser la mobilité de la faune et la diversité génétique des populations d’espèces végétales sont que quelques exemples des effets possibles à l’adoption des pratiques agroforestières dans nos systèmes agricoles. L’objectif étant de contribuer à amoindrir ou à s’adapter aux changements globaux tout en vivant dans un plus grand respect de la nature qui nous entoure, pour qu’elle puisse continuer encore longtemps à jouer ses nombreux rôles qui nous sont si bénéfiques.


Par où commencer?


Le potentiel de pratiquer l’agroforesterie en milieu agricole au Québec est immense. Quiconque souhaite mettre l’épaule à la roue pour améliorer ses pratiques et créer un mouvement de changement a la possibilité de le faire. Que vous soyez déjà engagé depuis longtemps ou que vous soyez à vos premières initiatives, il y a toujours un endroit à mettre en valeur ou des écosystèmes dont l’équilibre est à améliorer et c’est l’ensemble des petits et grands pas qui feront la différence.


Les ingénieurs forestiers et les agronomes ont le droit de pratique exclusif de l’agroforesterie. Ils seront vos meilleurs alliés pour vous conseiller des aménagements et leurs suivis dans le temps et vous guider parmi les programmes disponibles selon vos objectifs.






Cet article fut basé sur l’ouvrage suivant que vous pouvez vous procurer auprès du CRAAQ pour obtenir davantage d’information sur les aménagements agroforestiers au Québec :


Cogliastro, A., A. Vézina et D. Rivest. 2022. Guide d’aménagement de systèmes agroforestiers. Centre de référence e agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). 97 p.


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