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Le potentiel du biochar en foresterie

Dernière mise à jour : 4 nov. 2020

Le biochar est un amendement améliorant la qualité des sols et provenant de la pyrolyse de matériaux organiques (ex. : biomasse forestière, agricole, fumier, boue, etc.). L’origine connue de son utilisation chez les peuples indigènes d’Amazonie date de plusieurs centaines d’années, mais l’intérêt qu’on y porte pour un usage à grande échelle est relativement récent. La méthode actuelle consiste toutefois à chauffer à une température très élevée la matière organique dans un environnement pauvre en oxygène sans qu’il y ait combustion.


Ultimement, l’utilisation de cet amendement pourra impliquer le domaine forestier à différents niveaux, soit pour sa production ainsi que pour son utilisation. Le biochar est également considéré comme un des outils de lutte aux changements climatiques. Voyons plus en détail.



Propriétés


Il existe de nombreuses variétés de biochar. Les propriétés du produit fini dépendront du type de matière organique résiduelle utilisée, de la technologie et du traitement appliqué.

Exemples de quelques propriétés :

  • Bonne porosité : Ce charbon structure le sol et agit comme une éponge. Sa bonne capacité d’absorption de l’eau peut être un élément clé dans un contexte de changements climatiques où les sécheresses sont de plus en plus fréquentes ainsi que sur sols secs et sableux.

  • Bonne rétention : le biochar retient plus facilement l’eau ainsi que les nutriments du sol. Il limite ainsi leur perte par ruissellement, érosion ou lessivage. Il améliore donc la fertilité des sols. D’ailleurs, le biochar peut-être enrichi avec du compost, engrais ou micro-organismes pour le rendre « vivant ». Il a aussi la propriété de retenir et stabiliser les polluants et métaux lourds. Son efficacité est accrue en sol pauvre, sec ou acide.

  • Stabilité: Le fait qu’il est relativement résistant à la décomposition pendant plusieurs centaines d’années et qu’il capte les nutriments pour les rendre disponibles de manière plus durable aux plantes diminuerait la nécessité d’ajouts fréquents d’engrais et fertilisants.

  • Teneur élevée en carbone : il permet de séquestrer ce polluant pendant des centaines d’années dans le sol.

Utilisations


Le biochar a de multiples vocations notamment pour développer une agriculture plus durable en améliorant la santé des sols et la croissance des plantes, dans le monde horticole, forestier, énergétique, de la filtration des eaux, en génie environnemental, en plus de pouvoir jouer un rôle dans la séquestration du carbone.


Ce charbon est louangé pour ses nombreuses propriétés et fut expérimenté surtout en milieu agricole. D’autres expérimentations devraient être menées afin de chiffrer davantage les bénéfices qu’il procure, mais cet amendement peut tout autant être utilisé pour favoriser la végétalisation de sites perturbés, les carrières, sablières, sites miniers ou contaminés et même pour favoriser l’établissement de nouvelles plantations forestières, sous certaines conditions.


Dans le monde forestier québécois, ce produit est intéressant dans un contexte d’abondance de la ressource et de diminution de la demande pour le papier et donc du copeau qui aurait un nouveau débouché. De plus, la production et l’utilisation du biochar favorisent une économie circulaire, par le fait que l’on valorise des résidus organiques, dont la biomasse forestière, qui pourront ensuite être réutilisés pour enrichir ces mêmes sols.


Éventuellement, le biochar pourrait être intégré à l’étape de production de semis en pépinière pour limiter les frais en apport d’engrais et d’irrigation et/ou intégré directement au sol au moment de l’établissement de nouvelles plantations forestières.


Bref, en milieu forestier, l’acidification des sols, la perte de nutriments, les stress hydriques sont autant de facteurs pouvant contribuer à diminuer la résilience aux maladies et la productivité des plantations forestières. Bien que davantage d’études seront nécessaires pour valider les effets à court et long terme en fonction des sols forestiers, il est fort à parier que le biochar fera bientôt partie des outils contribuant à l’innovation des pratiques et à une meilleure résilience face aux changements climatiques. Il est présentement possible de se procurer du biochar régionalement via les Jardins de l’Écoumène. Ressources forestières biotiques compte également expérimenter l’application de biochar dans ses différents projets d’implantation.


Par: Julie Venne, ingénieure forestière




Sources consultées :

Jean-François Lévêque des Jardins de l’écoumène.

Barry Husk, Major Julie. Le biochar comme amendement du sol au Québec : résultats agronomiques de quatre ans d’essais terrain. Consultée à : https://www.agrireseau.net/agroenvironnement/documents/Major.pdf

Biopterre. 2018. Biochar : La réalité québécoise, 12 p. Consultée à : http://www.biopterre.com/wp-content/uploads/2018/07/Biopterre_Technote_Biochar-Juin2018.pdf

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