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Adapter les pratiques forestières par la diversité fonctionnelle

1er mai 2023


Depuis quelques années, la tendance est à imiter la nature pour produire non seulement du bois, mais aussi favoriser la biodiversité. Avec les observations scientifiques actuelles, force est de constater que les perturbations que nous subissons aujourd’hui sont appelées à se poursuivre et à augmenter, mais dans une direction dont personne ne peut précisément prédire. Dans une telle optique et dans un esprit d’adaptation à ces changements globaux, l’une des voies à suivre serait d’aménager la forêt pour assurer sa résilience et son adaptabilité, propose Christian Messier, professeur et chercheur bien impliqué dans divers domaines, dont celui de la sylviculture d’adaptation.


Qu'est-ce que la diversité fonctionnelle ?


La diversité fonctionnelle est un concept existant depuis plusieurs années, mais devant maintenant être appliquée à plus large échelle dans nos visions d’aménagement forestier afin de perpétuer dans le temps notre belle ressource qu’est la forêt. L’idée est de doter les forêts de tous les atouts possibles en prévision de… l’imprévisible. On cherche donc à établir ou à améliorer la diversité des fonctions écologiques au cœur des écosystèmes en visant non seulement la biodiversité pure, mais aussi la complémentarité des espèces selon des traits qui permettront aux forêts de mieux répondre aux différentes sources de stress envisageables pour un milieu. Le choix des espèces doit évidemment se réaliser en considérant leur autécologie. Plus les conditions du milieu sont difficiles, moins le choix sera grand, mais une diversification est toujours possible et souhaitable, même si elle n’est pas optimale.


Voici une représentation des différents groupes fonctionnels qui sont appeler à évoluer dans le temps au fil des nouvelles connaissances :


Source : http://www.arbresurbains.uqam.ca/fr/guidereboisement/guide.php

L'application par quels moyens ?


D’abord, il est possible d’évaluer la diversité fonctionnelle de votre propriété et ainsi cibler s’il y a des lacunes à leur résilience à long terme, l’organisation Habitat et de nombreux chercheurs étant les précurseurs du développement et de l’applicabilité de cette vision au Québec.


Il est non seulement important d’avoir une diversité d’espèces aux traits fonctionnels différents, mais également de types de forêt, de structures (horizontal et verticale) et donc d’habitats. Toutes les espèces n’ont pas à se retrouver dans chaque microparcelle de forêts, ce qui reviendrait à homogénéiser les forêts en une grande forêt mixte. Un amalgame de forêt résineuse, mixte, feuillue, arbustaie et prairie à proximité l’une de l’autre serait un bel exemple témoignant d’une belle diversité biologique et d’habitats à l’échelle d’une propriété.


La première idée qui nous vient souvent à l’esprit est de diversifier la forêt par l’action de reboiser. Le reboisement d’espèces accomplissant diverses fonctions ou l’enrichissement des forêts étant peu régénérées / diversifiées est effectivement une voie de solution. Un effort vers une meilleure adaptation peut également se traduire à travers les autres types d’aménagement, mais sous forme d’atténuations. Associé à un enrichissement après coupe, une coupe partielle en forêt peut par exemple focaliser à maintenir une bonne proportion de chaque groupe fonctionnel déjà présent afin de ne pas l’appauvrir ni la rendre plus vulnérable. Une éclaircie précommerciale afin de dégager les tiges d’avenir de jeunes forêts peut également se faire selon le même principe. Au lieu de cibler le dégagement que des 2-3 espèces généralement les plus populaires auprès de l’industrie, une portion pourrait être laissée à la présence d’espèces généralement considérées moins « désirables » ou des arbustes fruitiers accomplissant tous des fonctions bien différentes dans l’écosystème.


Si vous souhaitez suivre la voie de l’adaptation et de la résilience pour le futur de votre forêt, votre ingénieur forestier est la personne qui sera en mesure d’évaluer l’état de vos forêts et de vous conseiller dans cette nouvelle pratique.



Par : Julie Venne, ing. f.

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