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Choisir les jeunes tiges d'avenir pour le futur des forêts

1er août 2023


Nous pouvons avoir un rôle à jouer dans le futur des forêts en y faisant une sélection judicieuse des tiges lors de leur plus jeune âge. Le dégagement de la régénération naturelle ou l’éclaircie précommerciale sont des traitements sylvicoles permettant de cibler des jeunes arbres de qualité à dégager parmi la compétition abondante. Ceci permet de favoriser un meilleur accès à la lumière et aux nutriments du sol accélérant ainsi la croissance des tiges choisies.


Jeune érablière dense (source RFB)

Notre inspiration : imiter la nature et hâter son oeuvre


Le dégagement de la régénération naturelle et l’éclaircie précommerciale permettent d’imiter la nature tout en hâtant son œuvre. En effet, naturellement les jeunes forêts auront une densité très élevée dont tous les arbres ne parviendront pas à maturité. Par la compétition naturelle, il y aura donc une autoéclaircie, mais les espèces les plus compétitives et les plus favorisées par les conditions en place prendront vite le dessus sans nécessairement être celles désirées ou les plus résistantes dans le temps.


Éclaircie précommerciale résineuse de type systématique et érable à sucre dégagé par la méthode du puits de lumière (source RFB)


Une succession forestière s’exerce au fil des générations faisant en sorte que lorsque les conditions de lumière sont importantes, les espèces dites pionnières ou de lumière (ex. : peuplier, bouleau) s’installeront d’abord et ne vivant que peu de temps laisseront finalement place à des espèces d’ombre ayant une meilleure longévité.



Le traitement des jeunes forêts permet donc à la fois de recréer l’autoéclaircie en diminuant la densité pour améliorer leur croissance tout en accélérant le processus de succession forestière en favorisant les espèces longévives.


Bien cibler


Ce type de travaux peut se réaliser idéalement de mi-juin à mi-août surtout dans le cas d’espèces envahissantes tels le peuplier ou le hêtre. Ces interventions s’adressent aux forêts dont la régénération de moins de 30 ans est dense sous couvert forestier déjà existant ou dans de jeunes forêts issues de coupes sévères. La sélection des arbres d’avenir peut dépendre des objectifs et il y a plusieurs critères généraux à considérer.


1) Favoriser les espèces nobles ou adaptées au site ayant une bonne longévité : Dans les forêts feuillues, les espèces comme le chêne rouge, le bouleau jaune, l’érable à sucre, le caryer cordiforme ou le cerisier tardif sont de bons choix. Dans les forêts de résineux, la pruche, thuya et pin blanc ou rouge seront favorisés si présents. L’épinette étant un meilleur choix que le sapin qui est susceptible à la carie en son cœur dans un horizon assez jeune. Dans les forêts mixtes de transition, l’érable rouge et le bouleau à papier peuvent s’ajouter.


2) Choisir des arbres droits et de qualité : Des arbres ayant subi des blessures par la faune, porteurs de maladies, de déformations ou défauts d’embranchement importants ne seront pas à favoriser.

Blessure importante d’un érable rouge occasionnée par un cervidé (source RFB)

3) Préférer les arbres issus de semis : Les tiges issues de rejets de souche apparaissent comme des bouquets qui sont plus susceptibles à la carie. Il est toutefois possible de sélectionner une tige provenant des bouquets en limitant les risques de la carie. Il est conseillé de choisir celle dont l’origine se trouve le plus près du sol possible (à moins de 15 cm de hauteur). Un rejet qui est haut sur une souche ne sera pas d’avenir. Les rejets provenant de petites souches sont également plus viables, car la blessure de pied va cicatriser plus rapidement.


Rejet de souche de peuplier (source RFB)

4) Favoriser la diversité. Bien que la tendance soit à sélectionner les espèces plus nobles ou avec une bonne espérance de vie, il est important de favoriser de temps à autre les espèces plus rares du peuplement forestier afin de favoriser un meilleur équilibre, sa résilience et une bonne diversité fonctionnelle. Préserver quelques arbustes fruitiers est aussi intéressant pour assurer une certaine qualité des habitats fauniques tout comme de laisser des zones denses sans intervention (îlots, bord de sentier, bande riveraine). Comme l’homme n’est pas seul à utiliser la forêt et que ses interventions ne sont pas sans impact, ces atténuations peuvent faire la différence.


La gestion de votre forêt étant beaucoup plus complexe que ces quelques directives générales, n’hésitez pas à consulter votre professionnel forestier qui sera en mesure de bien vous diriger si vous souhaitez en connaître davantage ou mettre à exécution des interventions.



Par : Julie Venne, ing. f.

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