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De l'espoir pour l'avenir des plantations d'épinettes de Norvège

L’épinette de Norvège se reconnaît facilement par ses branches retombantes et elle est utilisée fréquemment comme arbre d’ornement.


Elle fut également implantée pour une vocation forestière de manière très abondante depuis les 100 dernières années autant chez les propriétaires privées qu’en forêt publique. Le Québec a également grandement travaillé à son amélioration génétique depuis 50 ans. Dans les dernières décennies, elle a toutefois perdu en popularité pour plusieurs raisons (Prégent, 2016) :

  • Le fait que cette espèce n’est pas incluse dans le groupe reconnu « sapin-pin-épinette » dans la classification du bois d’œuvre canadien limite sa transformation, son utilisation sur le marché et donc sa valeur ($);

  • Une crainte de l’envahissement de cette espèce exotique en milieu naturel rend son implantation difficile au niveau des contraintes liées aux diverses certifications;

  • Des doutes persistent au sujet de la qualité du bois et de l’utilisation possible par l’industrie du sciage;

  • Les plantations peuvent être sujettes à d’importantes attaques par le charançon du pin blanc. Ce dernier pouvant provoquer des déformations en causant la mort de l’extrémité de la tige principale. Ce qui peut mener à la formation d’une double-tête, de portions sinueuses, à une hauteur plus faible des arbres, etc. Ceci diminuant le volume utilisable dans l’industrie du sciage.

Source Image : Daoust Gaëtan et Mottet Marie-Josée, 2006

Après plusieurs décennies, il y a enfin espoir de valoriser à son maximum le bois de cette espèce. La plupart des contraintes énumérées plus haut sont maintenant levées.


Bien qu’utilisée depuis des lustres dans l’industrie du sciage européen, cette espèce devait faire ses preuves en sol nord-américain au niveau de sa productivité et de sa qualité. Les plantations devaient donc être suffisamment âgées afin de pouvoir valider ces qualités recherchées. Dans les dernières années, plusieurs recherches ont donc eu cours autant au Canada qu’aux États-Unis, notamment au niveau de ses propriétés mécaniques primordiales dans les domaines de la construction et de l’architecture, au niveau de l’impact du charançon du pin blanc sur la qualité et rentabilité des plantations ainsi que sur son caractère envahissant.


Voici les constats généraux de différentes études à son sujet (Daoust et al., 2006) :

  • Très bonne productivité et qualité sur les sites qualifiés de « moyen à très bon » et ce dès la 2e éclaircie dans les plantations victimes du charançon;

  • L’effet du charançon sur la perte en volume utilisable est important lors de la première éclaircie de plantation, mais devient globalement très faible (3%) sur l’ensemble de la rotation (environ 60-70 ans);

  • Elle a généralement un pourcentage de rigidité (20%), de résistance en flexion (34%) et de densité (8%) supérieure à l’épinette blanche;

  • Ses qualités telles qu’un tronc à faible défilement, des branches plus fines que l’épinette blanche et sa croissance rapide contrebalancent amplement l’effet des déformations sur le volume de sciage de qualité à l’intérieur d’une plantation;

  • L’épinette de Norvège est plus productive que l’épinette blanche dans les domaines bioclimatiques de l’érablière et de la sapinière et cet écart s’accentue à mesure que l’on progresse vers le nord;

  • La qualité du bois augmente avec l’âge des plantations;

  • L’épinette de Norvège se reproduit timidement, mais n’est pas envahissante et ne se croise pas avec les épinettes indigènes.


Source: https://sprucepinefir.us/norway-spruce/

Autre bonne nouvelle, l’épinette de Norvège est maintenant reconnue comme matériau de construction approuvé au niveau de ses propriétés structurales et de bois d’œuvre autant au niveau canadien, que de la certification CSA, qu’auprès du marché américain via l'American Lumber Standards (The Working Forest Staff, 2019). Il est donc maintenant possible pour l’industrie de s’approvisionner et de commercialiser l’épinette de Norvège afin de développer de nouveaux marchés.


Toutes les usines de sciage résineux n’ont pas encore adopté cette nouvelle espèce, il est donc important de s’informer auprès de l’usine de sa région ou de son conseiller forestier avant d’éclaircir ses plantations d’épinettes de Norvège. Il est toutefois encourageant de voir toutes ces barrières se lever pour un avenir prometteur au niveau du marché de cette espèce qui avait très peu de débouchés rentables, malgré sa présence importante à travers la province.



Par: Julie Venne, ingénieure forestière





Références:


Daoust Gaëtan et Mottet Marie-Josée. 2006. Impact du charançon du pin blanc (Pissodes strobi Peck) dans les plantations d’épinettes de Norvège (Picea abies [L.] Karst.) Partie 1 : Productivité et qualité des sciages. THE FORESTRY CHRONICLE. VOL. 82, No 4.


Mottet Marie-Josée et al. 2006. Impact du charançon du pin blanc (Pissodes strobi Peck) dans les plantations d’épinette de Norvège (Picea abies (L.) Karst.). Partie 2 : Propriétés du bois des sciages. THE FORESTRY CHRONICLE. VOL. 82, No 5.


Mottet Marie-Josée et al. 2011. L’épinette de Norvège au Québec : performante sans être envahissante. Avis de recherche forestière no 30.


Prégent Guy et al. 2016. Tarif de cubage, tables de rendement et modèle de croissance pour les plantations d’épinettes de Norvège au Québec. Mémoire de recherche forestière no 176. Direction de la recherche forestière. Gouvernement du Québec. MFFP.


The Working Forest Staff. (18 avril 2019) Norway spruced endorsed by CSA, The Working Forest Newspaper. Récupéré de: https://www.workingforest.com/norway-spruce-endorsed-by-csa/


SPFs Eastern Spruce, Pine And Balsam Fir. (n.d.) Norway Spruce. Récupéré de : https://sprucepinefir.us/norway-spruce/

 
 
 

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