L’art d’aménager une plantation de pins rouges
- rfbiotiques
- 31 janv. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 févr. 2021
1er février 2021
Le pin rouge, pinus resinosa, est une espèce indigène souvent reboisée au Québec.
Dans les 30 années précédant le 21e siècle, le gouvernement du Québec formulait le souhait de reboiser cette espèce pour ses vertus d’utilisation multiple de son bois et son taux de succès élevé lors des premières années suivant le reboisement.

Plusieurs plantations témoins de pins rouges servaient de vergers à graines facilitant l’abondance de réserve en semences. Les pépinières gouvernementales et celles ayant des ententes de production avec Québec développaient essentiellement les productions de résineux propres au reboisement des terres publiques en épinettes et en pins de toutes espèces.
Depuis plus de 50 ans, les propriétaires possédant une friche abandonnée par l’agriculture ou une surface déboisée à sol relativement sablonneux et graveleux ont mis en terre plusieurs centaines d’hectares de pins rouges dans toutes les régions du Québec. Cette espèce requiert un sol bien drainé avec un bon ensoleillement pour mieux se développer.
Ainsi nous retrouvons régulièrement de petites et de grandes parcelles de pins rouges longeant les chemins de campagne dans nos régions forestières.
Le régime de croissance du pin rouge recherché pour la production de bois nécessite d’obtenir un fut bien droit et idéalement libre de nœuds trop gros le long de sa tige. En effet pour un marché ultime de poteau électrique, plusieurs critères sont à observer :
Un fut à défilement le plus cylindrique possible sur au moins 10 mètres;
Une circonférence supérieure à 54 centimètres au fin bout;
Des nœuds recouverts sur au moins 5 mètres à partir de la base du tronc;
C’est la circonférence qui détermine la longueur potentielle d’un poteau. À partir de 76 centimètres de circonférence à 180 centimètres du sol, il y a un potentiel pour un poteau;
Par la suite, plus la tige est grosse, plus le poteau devra être long.
La valeur d’un poteau peut débuter à environ 35$ l’unité jusqu’à 175$ l’unité prêt au chargement en bordure de route.
Pour atteindre ces dimensions, la plantation devra avoir été entretenue et éclaircie à partir de 20 à 25 ans et à intervalles réguliers allant de 10 à 20 ans entre les interventions. La qualité de la station déterminera la croissance plus ou moins rapide des arbres.

Il est non seulement utile, mais indispensable d’intervenir avant un âge trop avancé pour assurer la survie et le bon développement des meilleurs sujets. Généralement, au-delà de 45 ans d’âge si aucune éclaircie n’a été pratiquée auparavant, les arbres présenteront peu de cimes vivantes, souvent sur moins de 20% de la hauteur, et leur résistance mécanique aux vents et au verglas risque de provoquer des chablis partiels entraînant le déracinement d’autres arbres adjacents. De plus, la valeur d’une éclaircie trop tardive ne permettra pas aux arbres mêmes les plus sains de se développer adéquatement par la suite.
Nous avons constaté plusieurs plantations négligées par leurs propriétaires qui ont subi des pertes importantes au cours des dernières années. Dans certains cas, la coupe de récupération a été nécessaire avant d’atteindre la maturité prévue. La valeur des bois de pins rouges à faibles diamètres couvre les dépenses de récolte, mais aucun bénéfice monétaire ne revient à son propriétaire. Ce sont des investissements malheureusement perdus, car la deuxième éclaircie permet de dégager un certain profit.

Au contraire, en récoltant les arbres les moins vigoureux dès que le diamètre moyen de tous les arbres atteint environ 14 à 16 cm, les arbres résiduels présentant au moins un tiers de branches vivantes sur leur hauteur auront la chance de mieux se développer en diamètre et en hauteur. En effet, ce sont les aiguilles qui procèdent à la photosynthèse nécessaire au développement des tissus ligneux tant au niveau de la partie aérienne qu’au niveau racinaire.
Enfin, la diversité s’installe dans les puits de lumière créés lors d’une première intervention. On retrouve souvent des feuillus, tels les érables à sucre, les érables rouges, les bouleaux à papier et plusieurs arbustes dont le noisetier à long bec, des sureaux et des viornes en sous-couvert. La succession des espèces assurera la relève forestière naturelle au moment de la récolte finale des pins rouges. La faune profite également des peuplements de pins rouges valorisés. Chevreuils, écureuils et plusieurs oiseaux nicheurs y trouvent leur compte.
Nous invitons les propriétaires de boisés possédant une parcelle de pins rouges à nous contacter cet hiver. Un conseiller forestier vous aiguillera pour bien planifier et rentabiliser les interventions à long terme. De plus, des subventions sont disponibles auprès de votre conseiller accrédité pour permettre d’intervenir lors d’une première et dans certains cas à la deuxième éclaircie de plantation.
Par: Benoit Michaud, technicien forestier
Références :
コメント