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L’esthétique et la foresterie


Tous les travaux forestiers, qu’ils soient professionnellement dirigés ou non, laissent certaines traces dans le paysage. Ces marques plus ou moins apparentes sont souvent au cœur de l’acceptabilité sociale de la foresterie, n’eut égard des objectifs sylvicoles. La sensibilité de chacun à l’égard de la résultante esthétique d’un traitement sylvicole est considérablement variable, ce qui rend la tâche d’autant plus complexe pour l’aménagiste forestier.


Forêt éclaircie avec débris déchiquetés

La plupart des traitements sylvicoles laissent plus ou moins de débris ligneux au sol qui réduisent l’esthétique de la forêt après traitement. Ces traitements sylvicoles sont toutefois nécessaires pour réduire l’incidence des insectes ravageurs, des maladies fongiques, pour régénérer la forêt ou encore pour accélérer la croissance des arbres. Lors de leur décomposition, ces résidus forestiers constitués de branches, aiguilles, feuillage, houppiers ou souches auront un rôle nutritionnel important pour le sol forestier. Dans certains cas, ces résidus pourront nourrir ou abriter plusieurs espèces fauniques. Lorsqu’ils sont bien disposés dans les sentiers de débardage, les résidus de coupe agissent comme un tapis qui protège le sol lors du passage de la machinerie. Ces « déchets » de coupe sont donc indispensables et contribuent aux écosystèmes forestiers.


Pour réduire les impacts visuels négatifs et rendre le boisé plus facile à marcher, certains propriétaires seront tentés de déchiqueter ces débris forestiers. Le broyage des débris forestier permet d’accélérer le processus de décomposition. Cette pratique demeure très coûteuse et peu utile d’un point de vue sylvicole. Le déchiquetage est recommandé en bordure des sentiers de randonnée achalandés et où l’aspect visuel est important. Autrement, il est recommandé de rabattre les débris à la scie à chaîne après l’abattage jusqu’à ce que ceux-ci soient étendus au sol ou en bas du niveau de la ceinture. À noter ici que la mise en andain ou mise en tas des débris ralentit la décomposition en plus d’être énergivore et dangereuse pour les incendies forestiers. La mise en andain doit être pratiquée uniquement lorsque le sol n’est pas propice à être reboisé ou régénéré naturellement.


Forêt éclaircie avec débris

L’aspect esthétique de la foresterie s’applique également à l’échelle du paysage. La plupart des coupes partielles ou sélectives, notamment celles qui peuvent être prescrites dans le cadre du programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées, sont difficiles à percevoir dans le paysage lorsqu’on est éloigné du secteur d’intervention. Il arrive parfois des situations (dégâts causés par les vents violents, épidémies d’insectes ou maladies) qui exigent des coupes forestières plus sévères. Par exemple, une coupe de récupération de plus de 50% de prélèvement devient plus apparente et risque de choquer l’œil de ceux qui admirent le paysage sans comprendre les raisons inhérentes à ces traitements sylvicoles exceptionnels. Dans ces cas, il conviendra de réduire la dimension des assiettes de coupe et de les harmoniser avec les courbes du relief naturel. Dans tous les cas, le propriétaire forestier doit obtenir les autorisations municipales requises puisque certains règlements sont plus prohibitifs notamment pour mieux protéger les paysages forestiers.




Par: Jean-Sébastien Malo, ingénieur forestier, Ressources Forestières Biotiques

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