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La pruche, ce bois mal-aimé des scieurs

Dernière mise à jour : 2 déc. 2021

1er décembre 2021


Source: RFBiotiques.

La pruche du Canada (Tsuga Canadensis), malgré ses caractéristiques intéressantes, dont une longévité impressionnante allant jusqu’à 800 ans, demeure difficile d’utilisation dans le marché du sciage. La cause principale de ce mépris envers la pruche provenant du Québec vient de la présence régulière de roulures. On définit une roulure comme une séparation du bois dans le sens du fil qui se produit généralement entre les anneaux de croissance et parallèlement à ceux-ci. Cette séparation du bois se développe dans l’arbre debout et, puisqu’elle ne résulte pas du séchage, il est donc impossible pour les scieurs de contrôler ce défaut. On peut retrouver la présence de roulures dans plusieurs essences, dont le pin blanc, le mélèze et les chênes. Cependant, c’est dans la pruche où elle se développe le plus fréquemment. La présence de roulures sur une bille est un facteur suffisant pour déclasser celle-ci puisque ce décollement peut affecter grandement les propriétés mécaniques du bois. C’est pourquoi les scieurs de pruche n’acceptent aucune bille avec présence de roulures.


Source: RFBiotiques.

Les causes de ce phénomène demeurent toutefois vagues. Plusieurs études arrivent à des conclusions différentes, ce qui laisse croire qu’elles pourraient être provoquées par de multiples facteurs, cumulatifs ou non. Tout d’abord, les facteurs de stress externes tels que le vent et la température semblent avoir une incidence sur la présence de roulures. Le vent provoquerait des flexions et tensions qui auraient comme effet de faire décoller les cernes d’accroissement. Ensuite, les écarts fréquents et brusques de température que nous connaissons au Québec pourraient également être en cause dans le processus de délaminage des cernes.




Par la suite, les facteurs de stress internes semblent aussi avoir un effet significatif. Les grandes et fréquentes variations de croissance, dont les accroissements rapides et soudains, et la compartimentation due aux blessures du pic maculé seraient toutes deux corrélées à la présence de roulures. Le pic maculé, cet oiseau suceur de sève, perce l’écorce afin de s’y nourrir. Les blessures engendrées par celui-ci sont ensuite compartimentées par l’arbre à même titre que toute autre blessure. Ce moyen de défense qu’utilise l’arbre provoquerait le décollement du cerne annuel chez la pruche.


Source: RFBiotiques.

À la lumière de ces informations, la présence de roulures est donc impossible à contrôler puisque nous ne pouvons agir sur les facteurs leur étant liés. Cependant, en connaissant ceux-ci, il est possible de choisir des arbres avec un potentiel plus faible de roulures. Par exemple, les pruches non piquées par le pic maculé, les pruches étant le moins exposées au grand vent et celles qui risquent d’avoir subi le moins de grand écart de croissance si l’on connaît l’historique du peuplement.


Également, il est possible une fois l’arbre abattu de le tronçonner de manière plus efficace afin d’enlever le bois avec roulures. Si des roulures sont visibles sur la découpe, il est conseillé de tronçonner à tous les deux pieds afin de retirer le bois compromis. Il est parfois possible de retirer la section atteinte et d’ainsi pouvoir façonner un billot de sciage. Autrement, le bois avec roulures trop importantes sera dédié au marché de la pâte ou pour toute utilisation autre que le sciage.


En tant que conseiller forestier, Ressources forestières biotiques recommande d’éviter les éclaircies trop sévères qui augmenteraient le risque de variation importante de la croissance et du même coup le potentiel de roulures.



Par: Nicolas Boyer, ing.f. et tech.f.





Références :


Ministère des Forêts, de la Faunes et des Parcs. 2021. Le guide sylvicole du Québec, Outil de comparaison des essences. Les publications du Québec. [En ligne]. Disponible à Outil de comparaison des essences (gouv.qc.ca) (cité le 22 novembre 2021).


Myren, D.T., G. Laflamme, P. Singh, L.P. Magasi et D. Lachance. 1994. Maladies des arbres de l’est du Canada. Groupe communication Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Ottawa, 159 p.


United States Department of Agriculture. 1999. Proceedings : Symposium on sustainable management of hemlock ecosystems in Easter North America. Forest service, Northeastern research station, New-Hampsire, 247 p.


Yang, D.Q. et Normand, D. 2014. Meilleures pratiques pour éviter la formation de gerces et de fentes sur les produits de bois feuillus, Première partie-Gerces et fentes : causes et précaution. FPInnovations, Québec (Québec), 28 p.


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