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Les chemins d'hiver

Dernière mise à jour : 11 nov. 2021

1er novembre 2021


L’hiver en foresterie québécoise est une saison propice pour ‘’ouvrir’’ un chantier. D’autant plus que plusieurs peuplements se situent sur un sol à drainage lent ou imparfait. Ces secteurs requièrent un gel profond pour permettre à la machinerie forestière d’être supportée sans risque de s’enliser.


Pour s’y rendre, un chemin forestier peut être requis pour se rapprocher à moins de 100 mètres de la superficie à aménager. Peu importe la nature du sol, ce chemin doit soutenir un camion chargé pouvant peser plus de 50 tonnes métriques.


Lorsqu’il n’est pas requis pour un producteur de créer une nouvelle infrastructure permanente, il est possible d’opter pour la construction d’un chemin d’hiver. Par définition, il s’agit d’un tracé comportant une mise en forme sommaire aménagée principalement pour la récolte de bois sur sol gelé.


Selon le Règlement sur l'aménagement durable des forêts du domaine de l'État (RDAF), un chemin d’hiver doit préserver le drainage naturel du sol et il ne doit pas avoir pour effet de canaliser l’eau sur la surface de ce chemin. (art.82)


Aussi, la construction ou l’amélioration d’un tronçon de chemin de plus de 100 m est interdite dans une tourbière ouverte, sauf si ces travaux sont réalisés pour aménager un sentier d’abattage ou de débardage, un sentier non destiné aux véhicules tout terrain motorisés ou un chemin d’hiver. Ces sentiers et chemins d’hiver doivent cependant être utilisés uniquement lorsque la capacité portante du sol le permet, en fonction de l’engin forestier, de manière à ne pas créer d’ornières. (art.70)


Considérons d’emblée que cette directive s’applique également sur terrains privés.


Au-delà de l’impact environnemental, la construction d’un chemin en aura sur le portefeuille du producteur. Le choix d’opter pour un chemin d’hiver pourra s’avérer judicieux pour de nombreux cas d’opération forestière.


Avant tout, le producteur devra considérer les avantages et les contraintes découlant d’une telle option.


L’accès au territoire desservi sera temporaire ou saisonnier. Une opération de récolte bien planifiée parcourt le milieu environ une fois au 20 ans. Le secteur visé ne sera accessible à cette fin qu’une seule saison sur deux décennies. Sur un chemin d’hiver, la nature reprend ses droits par la suite et cette mise en forme n'implique aucun entretien annuel. Si l’objectif du producteur est d'accéder en tout temps à cette portion de sa propriété par camion, son choix sera différent.


La superficie et la valeur des bois devraient minimalement couvrir les frais de construction de chemin. Le chemin d’hiver nécessite moins d’investissement qu’un chemin permanent. Les revenus anticipés de la mise en marché des bois et accessoirement de l’aide financière disponible pourraient déterminer le type d’infrastructure. En forêt privée, il existe autant de situations différentes qu’il y a de propriétés. Sur un plan strictement financier, le chemin d’hiver devient un gage de rentabilité surtout pour de faibles superficies propres à la récolte.


La mise en forme d’un chemin d’hiver se façonne avec le matériel en place et ne nécessite pas d’ajout de gravier ou de fossés de drainage permanent.


La nature du sol forestier facilitera la prise de décision. La mise en forme d’un chemin d’hiver nécessite rarement l’ajout de matériel d’emprunt. Elle se façonne avec le matériel en place ou à proximité en enfouissant les débris ligneux sous l’emprise ou dans les portions latérales où du matériel d’emprunt est excavé. Une pelle mécanique suffira généralement à construire le tablier du chemin et à creuser les fossés s’il y a lieu. Le tracé du chemin d’hiver évitera les tourbières et forêts ouvertes pour ne pas perturber de façon permanente ces milieux fragiles.


Les cours d’eau à traverser nécessitent des précautions particulières même en hiver. Les traverses temporaires de cours d’eau intermittents et permanents doivent laisser l’eau circuler librement sans débris en tout temps. L’habitat du poisson ainsi que la qualité de l’eau doivent être préservés, peu importe la saison. L’installation de ponceaux sera requise en fonction des critères de largeur et de débit potentiel. L’empierrement des berges n’est pas obligatoire, mais les approches devraient être stabilisées pour la durée des opérations par des billes de bois placées parallèlement au cours d’eau. Par contre, par son caractère temporaire, le ponceau devra être retiré et les approches stabilisées dès que le sol sera suffisamment essoré au printemps suivant son utilisation.


L’installation de ponceaux est requise pour traverser un cours d’eau même si l’accès est temporaire.


Enfin, en toutes circonstances, le producteur devra évaluer ses besoins en fonction de ses objectifs. Nous vous invitons à consulter votre conseiller forestier pour vous offrir les meilleures pistes de solutions afin d’optimiser la mise en valeur de votre propriété forestière.



Par: Benoit Michaud, tech.for.

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